jeudi, octobre 06, 2011

Vampire Family / La Famille de Coeur


Vernissage de l'Exposition "Faites vos jeux", le jeudi 6 Octobre, à la Galerie l'Art de Rien.
Fil conducteur de cette exposition : Le jeu de carte. 
32 artistes, dont je suis, se sont prêtés au jeu de réaliser chacun dans leur style les trois grandes figures : Roi, Dame, Valet dans leurs quatre variantes de couleurs : Coeurs, Carreaux, Piques et Trèfles.

La Galerie m’a proposé de participer en m’offrant de concevoir la Famille de Cœur.
Et déjà, dès le choix de ma thématique, je me suis prise à jouer!  :)
Puis petit à petit, je me suis amusée à glisser dans mon travail symboles et clins d’oeils...

* Le jeu des symboles change et évolue sur chacune de mes cartes/figures, en fonction de l’idée véhiculée par l’intitulé, et le personnage.
Le Cœur de la carte, emblème de la famille, est aussi à chaque fois décliné.
* Sur le même principe symbolique, je me suis amusée à associer à chaque personnage, un caractère animal.
* Et petit clin d’œil final : chaque figure renvoie à un personnage cinématographique (très librement stylisé par mes soins, je vous l’accorde ! ;) ), à découvrir !
A chacun sa libre lecture !! ^^

Le Valet de Cœur _ Immortel Ennui
 copyright Agata Kawa

Mine Graphite sur Papier Aquarelle 300g
Format 21 x 30 cm 

Pour Immortel Ennui, mon Valet/Vampire se devait d’être un personnage Don Juanesque, mais à la manière des dandys de Byron ou de Wilde.
Séducteur mais désabusé, tiraillé entre désir et lassitude, à la fois acteur et spectateur mélancolique de sa vie, car une vie estampillée au sceau de l’éternité.
Lestat _ Animal totem : Le Chat.


La Dame de Cœur_ Sanguines  Pulsions
 copyright Agata Kawa

Mine Graphite sur Papier Aquarelle 300g
Format 21 x 30 cm 

Sanguines Pulsions : Je ne voulais pas que ma Reine/Vampire soit représentée comme l’est souvent ce type de personnage féminin : sous les traits, principalement juste charnels, d’une femme séductrice et glamour.
 Je la voulais incarnée par un être plus de l’intérieur, pulsionnel, clairement plus proche d’une femme/stryge, à la pose animale tendue et figée dans le temps comme celle d’un sphinx, comme dans l'attente éternelle de sa proie.
Mina _ Animal totem : Le Chiroptère.


Le Roi de Cœur _ Amour Eternel
 copyright Agata Kawa

 
Mine Graphite sur Papier Aquarelle 300g
Format 21 x30 cm

Clairement pour Amour Eternel, sous les traits d’Eros et Thanatos réunis, il ne pouvait y en avoir qu’un ! :)
Le Comte Dracula, alias Vlad Tepes, alias l’Empaleur.
Personnage ambivalent, sombre, tourmenté et profond, à cheval entre le désir et la mort, entre l’homme et la bête.
Me gardant précisément de tout manichéisme représentatif, je souhaitais figurer cet être humain damné, en guerrier redoutable et affirmé, mais sous des traits "christiques".
Comte Dracula _ Animal totem : Le Loup.




 La Famille de Coeur_Détails
copyright Agata Kawa

Si vous le pouvez, je ne vous recommanderais que trop de faire un tour à la Galerie, l’Expo dure tout le mois d’Octobre, et jouera peut être même les prolongations.
On ne le répètera jamais assez : rien ne vaut la rencontre avec les originaux !
A bientôt les chéris ! :))


lundi, octobre 03, 2011

Ophélie / Ophélia _ Arthur Rimbaud


"Ophélie" copyright Agata Kawa
Aquarelle sur papier 300g _ Format 33 x 21 cm

Ophélie

Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
-- On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.

Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile:
-- Un chant mystérieux tombe des astres d'or.

ô pale Ophélia! belle comme la neige!
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté!
-- C'est que les vents tombant des grands monts de Norvège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté;

C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits;
Que ton coeur écoutait le chant de la nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits;

C'est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux!

Ciel! Amour! Liberté! Quel rêve, ô pauvre folle!
Tu te fondais à lui comme une neige au feu:
Tes grandes visions étranglaient ta parole
-- Et l'infini terrible effara ton oeil bleu !

-- Et le poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis,
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.

Arthur Rimbaud
15 mai 1870.

"Ophélie" copyright Agata Kawa _ Détail

Ophélia

On the calm black water where the stars are sleeping
White Ophelia floats like a great lily;
Floats very slowly, lying in her long veils...
- In the far-off woods you can hear them sound the mort.

For more than a thousand years sad Ophelia
Has passed, a white phantom, down the long black river.
For more than a thousand years her sweet madness
Has murmured its ballad to the evening breeze.

The wind kisses her breasts and unfolds in a wreath
Her great veils rising and falling with the waters;
The shivering willows weep on her shoulder,
The rushes lean over her wide, dreaming brow.

The ruffled water-lilies are sighing around her;
At times she rouses, in a slumbering alder,
Some nest from which escapes a small rustle of wings;
- A mysterious anthem falls from the golden stars.

O pale Ophelia! beautiful as snow!
Yes child, you died, carried off by a river!
- It was the winds descending from the great mountains of
Norway
That spoke to you in low voices of better freedom.

It was a breath of wind, that, twisting your great hair,
Brought strange rumors to your dreaming mind;
It was your heart listening to the song of Nature
In the groans of the tree and the sighs of the nights;

It was the voice of mad seas, the great roar,
That shattered your child's heart, too human and too soft;
It was a handsome pale knight, a poor madman
Who one April morning sate mute at your knees!

Heaven! Love! Freedom! What a dream, oh poor crazed Girl!
You melted to him as snow does to a fire;
Your great visions strangled your words
- And fearful Infinity terrified your blue eye!

- And the poet says that by starlight
You come seeking, in the night, the flowers that you picked
And that he has seen on the water, lying in her long veils
White Ophelia floating, like a great lily.


Arthur Rimbaud,
May 15, 1870